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KOMA  I

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Une création originale de Mickaël Sabbah

Saison 2009

Bienvenue dans le monde captivant et profondément exploratoire de KOMA (1.2.3), un triptyque qui plonge au cœur de trois des phases du coma, dévoilant la circulation de la langue au sein de la "boîte noire" – cet espace intriguant où les mots circulent à l'intérieur du coma. À travers trois volets distincts, cette création explore le coma stade 1, l'obnubilation, le coma stade 2, la disparition de l'éveil, et le coma stade 3, le coma profond (coma carus). Chaque partie s'articule autour d'une recherche approfondie sur la langue originelle, fusionnant jeux de mots, cris primordiaux de bébés, hurlements primitifs et fureurs rugissantes.

Koma (1.2.3) transcende également les frontières de la mémoire, explorant ses formes brutes, directes, spontanées, collectives et ancestrales. Au cœur de cette œuvre réside l'interrogation sur le rapport à l'oubli et à la mémoire, la conscience et l'inconscient, le sommeil, le rêve, ainsi que la circulation de l'information au sein du système nerveux central après un traumatisme.

Ce spectacle va bien au-delà d'une simple performance, il constitue une quête profonde sur la langue, tissant une réflexion autour de la transdisciplinarité dans le domaine théâtral et de la place primordiale de la parole dans notre société moderne. Plongez dans cette œuvre multidimensionnelle, où la scène devient un laboratoire d'exploration linguistique et philosophique, révélant les recoins de l'esprit humain et les mystères de l'existence.

SYNOPSIS

Au cœur de l'horreur, une tragédie se déploie sous nos yeux incrédules.

Le World Trade Center, icône imposante, vacille et s'effondre dans un tumulte de débris et de flammes. Le monde lui-même semble chanceler, pris au piège dans un étau de terreur. Au milieu de ce chaos apocalyptique, un homme chute des hauteurs vertigineuses de la tour. Dans l'épaisse fumée, les braises ardentes, il descend, une silhouette en perdition. Mais, étrangement, au plus profond de cette chute, dans les abysses insondables de sa conscience, il dort.

 

Soudain, une étrange transition le transporte dans un hôpital abandonné, où le silence règne en maître. La salle de réanimation devient son sanctuaire fragile, où la vie ne subsiste qu'à travers un fil ténu. C'est un fil à la fois léger et invisible, un réseau électrique de mots qui parcourt son corps, pulsant en synchronie avec les battements de son cœur. C'est le langage qui maintient le rythme, tissant une symphonie mystérieuse entre le corps et l'esprit. Stade I, Stade II, Stade III – le rythme cardiaque se bat et se déploie, traversant les phases du coma, une danse énigmatique entre l'ombre et la lumière.

 

Mais que se trame-t-il dans cette tête brisée ? Comment les mots s'articulent-ils, se frayant un chemin entre les méandres des neurones, les intrications des synapses et les routes du système nerveux ? La langue, telle une électricité pulsante, circule dans cette boîte crânienne post-apocalyptique, où se rejoignent en une tornade frénétique la mémoire collective, les abysses de l'inconscient, les rêves, les cauchemars, les réalités et les visions mystiques. C'est une chorégraphie de mots, une danse complexe qui se déroule au cœur de ce paysage dévasté.

 

Tandis que les mondes intérieurs et extérieurs se croisent et fusionnent dans une valse fascinante, une question plane : sortira-t-il de cet état ? Là où la vie et la mort se mêlent dans une harmonie troublante, où les limites de la réalité se brouillent, ce voyage dans l'obscurité est également une quête pour la lumière. Suivez cet homme dans son périple énigmatique, laissez-vous emporter par le souffle haletant de l'inconnu, où chaque battement de cœur et chaque frémissement de langage dévoilent une facette inexplorée de l'existence. Une épopée poignante, chargée de suspense, de tension et de grâce, attend au cœur de "Koma".

MISE  EN  SCÈNE

Dans l'univers envoûtant de "Koma 1", nous plongeons au cœur de la vie intérieure du protagoniste, à l'étape de l'obnubilation. Cette première partie de la création, baptisée "totale", est une fusion audacieuse de tous les langages artistiques de la pièce : jeu, danse, musique acoustique et électroacoustique, ainsi que vidéo.

Le jeu dans "Koma 1" se révèle extrêmement physique, empreint de nervosité, parfois même brutal, évoquant des postures de combat ou d'animaux prédateurs (félins, loups…). La voix, quant à elle, atteint des sommets de puissance et d'expression, frôlant parfois la saturation. Tour à tour dans les aigus puis dans les graves, elle s'élève en des chants lyriques envoûtants, des incantations profondes ou des cris déchirants, pour ensuite retomber en fragments légers de chuchotements, de douceur ou de volupté. Telle une marée, la tension et la souffrance physique et psychique ne se retirent jamais complètement, rythmant le spectacle par des moments fugaces de chutes, semblables à des évanouissements, suivis de reprises de souffle grandioses. Le corps, véritable messager de l'histoire, devient un instrument de langage à part entière, orchestrant une partition physique et émotionnelle.

La danse prend vie au sein de cette mise en scène, une chorégraphie qui s'entrelace avec les émotions du protagoniste. Elle oscille entre mouvements saccadés et fluidité, reflétant les fluctuations de sa conscience et la danse ininterrompue de la vie intérieure. Les gestes deviennent des symboles, une manière de transcender le langage verbal et de communiquer par l'expression corporelle brute. 

La musique, omniprésente, s'articule entre acoustique et électroacoustique, jouant avec les ambiances et les textures sonores pour immerger le public dans un monde sensoriel unique. Les compositions musicales guident les émotions, s'amalgamant aux mouvements et aux paroles pour créer une expérience véritablement immersive.

La vidéo, quant à elle, tisse un fil narratif visuel, projetant les pensées intérieures du protagoniste sur scène. Des images énigmatiques, des souvenirs fragmentés et des visions éphémères se mêlent, créant une mosaïque cinématographique qui se synchronise harmonieusement avec les autres éléments de la création.

"Koma 1" est une fusion artistique audacieuse, une expérience théâtrale où chaque langage se fond dans l'autre pour exprimer l'inexprimable. La scène devient un laboratoire d'émotions, où les corps, les mots, les sons et les images convergent pour tisser une toile complexe et captivante, révélant les profondeurs de l'âme humaine et les mystères de l'existence.

CORPS

La danse est la première à fouler le plateau, s'unissant avec le jeu d'acteur pour former un langage visuel et émotionnel saisissant. Cette fusion subtile se révèle à la fois introspective et expressive, créant une chorégraphie des émotions qui évoque un dialogue silencieux et puissant. Dans "Koma 1", la danse s'érige en un reflet symbolique des diverses étapes de la vie féminine, tout en représentant sa quête d'émancipation face à la domination masculine. Elle évoque quatre grandes périodes : la naissance, l'enfance, l'adolescence et l'âge adulte. Comme une chenille qui se métamorphose en papillon, elle incarne cette transformation libératrice et magnifique.

Cependant, la danse trouve sa propre voie, se dissociant subtilement du texte tout en tissant un récit parallèle, se rejoignant en des moments d'apogée bouleversants. À travers diverses techniques – contemporaine, butô, mime – et l'usage de gestes para-verbaux tels que grimaces, rires, pleurs, grognements, éternuements, bruits, sons et sifflements, ainsi que le langage des signes, elle explore une gamme vertigineuse de thèmes.

 

Chacune des quatre étapes qu'elle représente embrasse un panorama complexe d'émotions et d'expériences. Depuis la folie jusqu'à l'hystérie, en passant par la saleté et le mensonge, la danse révèle l'innocence, la candeur, la vertu et la sagesse. Elle évoque la maladie, le handicap, les habitudes, l'isolement, la solitude et les défis de l'existence. Elle explore la sexualité, l'enfantement, l'image de soi et le regard masculin sur la femme. Enfin, elle effleure les thèmes de la machine, du temps, de la féminité, de l'animalité, du cycle, de la grâce, de l'harmonie et de la plénitude.

La danse dans "Koma 1" va au-delà des mots pour devenir une narration corporelle, une traduction viscérale des émotions et des réflexions profondes. Elle devient une véritable histoire racontée par le langage du mouvement, enveloppant le public dans une expérience captivante et immersive où le corps parle avec une éloquence unique.

MUSIQUE  électronique

La musique électronique fait son entrée avec une approche minutieuse du texte, créant des tableaux sonores qui dépeignent une gamme de décors et d'environnements. Peu à peu, elle fusionne sons concrets et abstraits, tissant une toile sonore immersive et évocatrice. Son rôle est de représenter l'univers qui entoure l'homme plongé dans le coma, englobant tout, de l'accident à l'ambulance, de la salle de réanimation à la machine, des voix à l'hôpital, du quartier à la ville, de la forêt au monde, jusqu'à l'univers tout entier. Elle capture les résonances de ces éléments dans son paysage sonore, reflétant également les échos qu'ils suscitent en lui.

Tout au long de "Koma 1", la musique électronique structure subtilement l'œuvre en ponctuant les différentes parties et sous-parties d'un battement de cœur sonore. Ce battement devient le rythme même de la pièce, pulsant au cœur de chaque séquence et créant une cadence hypnotique qui résonne avec l'état du protagoniste, entre conscience et inconscience, vie et sommeil.

Cependant, dans cette première partie, la musique électronique s'efface en grande partie pour laisser la scène aux sonorités du violon et de la contrebasse. Elle se fait discrète, un soutien subtil qui permet aux instruments acoustiques de s'exprimer pleinement. Le choix de laisser le violon et la contrebasse prendre la parole souligne la dualité entre la technologie et l'humanité, créant une harmonie entre le monde numérique et le monde organique. La musique électronique dans "Koma 1" ne se contente pas d'accompagner, elle sculpte l'espace sonore, transcendant les frontières du réel pour plonger profondément dans l'intérieur du protagoniste et de l'univers qu'il habite.

MUSIQUE ACCOUSTIQUE

Le violon et la contrebasse entrent en scène une fois que les trajectoires de la danse, du jeu et de la musique électroacoustique ont été tracées. Leur jeu émerge dans une semi-improvisation, s'adaptant à l'espace sonore déjà tissé par les autres langages artistiques. Ils deviennent les artisans de la matière sonore, sculptant des formes musicales en réaction à l'écosystème créé.

La contrebasse, jouée avec une intensité et une puissance presque martiales, évoque une lutte, un combat. Le contrebassiste se métamorphose en lutteur, en judoka du son. Chaque note, chaque vibration est une poussée d'énergie brute, comme une secousse sismique qui bouscule la scène. Le violon, quant à lui, incarne la délicatesse d'un funambule sur un fil tendu au-dessus de l'abîme. Sa sonorité, en dentelle, évoque un équilibre fragile entre les sons et les silences, entre l'audible et l'inexprimable.

Ces deux instruments interagissent en microtouches, en mini-impulsions, en électrochocs sonores, créant une dynamique qui ponctue, accompagne, agrandit et déforme la langue de "Koma 1". Ils tissent des échanges entre les mondes, entre l'intérieur et l'extérieur du protagoniste. Les notes du violon et de la contrebasse deviennent les mains qui tentent de secouer le dormeur endormi. Par leur jeu, ils se font réveilleurs, cherchant à éveiller ce qui sommeille dans les profondeurs du coma, à délier la langue et les rêves emprisonnés.

IMAGES

Dans "Koma 1", les images prennent vie à partir d'une matière photographique capturée à l'aide d'un téléphone portable. Cette matière visuelle est récoltée dans les entrailles du métro, au sein des rues de la ville et au cœur de la nature. Ce patchwork photographique, composé de fragments d'affiches, d'instants fugaces de vitesse, d'éclats lumineux, de signaux de circulation, de symboles énigmatiques, de sourires éphémères, de regards croisés, de fragments de ciel, de jeux d'ombres et de reflets, d'écritures variées, de tags urbains, de scripts inachevés, de dessins spontanés, de hiéroglyphes urbains, de croquis esquissés, de schémas abstraits, d'étoiles dispersées et de morceaux de textes manuscrits, se mêle aux prises de vues urbaines (métro aérien, artères de la ville, passants en mouvement), aux prises de vues de la nature (ciel vaste, nuages en perpétuel mouvement, forêt mystérieuse, eau ruisselante, oiseaux insaisissables, paysages de neige immaculée) et aux prises de vues du corps en mouvement de la danseuse.

Ces images interviennent tout au long de la pièce, tissant un dialogue visuel complexe et envoûtant avec les autres langages artistiques. Elles nous guident dans une exploration du corps et de son rapport à la féminité et à la sexualité. Elles captent l'énergie des cités en perpétuelle mutation et la sérénité brute de la nature. Les images de la ville et de la nature s'entrelacent, explorant la dialectique entre l'environnement urbain et l'appel de la nature sauvage. Les fragments d'écriture, de signes et de symboles évoquent la condition humaine, son inscription dans le tissu social et les manipulations de la publicité. Les images dévoilent aussi l'intimité du rapport à la technologie, aux médias visuels et à la surabondance d'images.

Dans un tourbillon visuel, elles explorent la pulsion de vie, le voyage intérieur et extérieur, l'errance dans les méandres du réel et de l'imaginaire. Les images, comme des lucioles dans la nuit, tracent la frontière entre la lucidité et la folie, invitant le spectateur à plonger dans les méandres de l'esprit humain et à explorer les recoins insondables de la psyché.

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