Il y a environ huit mille ans, après l'extinction des dernières familles humaines distinctes, l'homo sapiens se retrouve comme la dernière espèce d'hominidés sur Terre. Cette réalisation constitue un choc. L'Homme, désormais seul dans l'univers, se voit contraint de trouver une solution pour ne pas s'éteindre définitivement.

La perte de l'autre et l'extrême solitude qui en découle engendrent une profonde tristesse et une peur intense. Pour survivre à cette situation, l'humanité répond en multipliant sa propre espèce par la maîtrise de la nature.

La sédentarisation et l'agriculture permettent la reproduction intensive et la création d'une civilisation industrielle. Cependant, cette organisation, basée sur la surproduction humaine, nécessite la présence d'individus de pouvoir, créant ainsi l'injustice et engendrant la haine. Pour se reproduire en masse, l'homo sapiens a colonisé la Terre et a effacé de la mémoire collective le monde ancien, fondé sur l'empathie, la connaissance, la contemplation et l'amour.

Trans_Human_Art I s'appuyait sur les dernières avancées en anthropologie, la Divine Comédie de Dante Alighieri, la traduction et les analyses de Jacqueline Risset, les poèmes déchirés et les documents médicaux légaux du fait divers, ainsi que la musique concrète et électronique, avec une configuration délibérément minimaliste et analogique.

Trans_Human_Art II reprend l'ensemble de ce matériel et y injecte de manière systémique des passages de la Divine Comédie ainsi que des bribes, fragments de témoignage et de récit historique du protagoniste, tout au long des vingt-deux épisodes. Cette nouvelle phase intègre également une configuration et une ingénierie sonore et visuelle nettement plus avancées . Elle fusionne des instruments et des machines non synchronisés avec des machines synchronisées, mêle la musique improvisée à la musique partitionnée, et utilise des technologies de spatialisation sonore grâce au logiciel Spat Revolution, ainsi que des techniques de mapping et de multiprojection via le logiciel Qlab.

Les trois opus de cette deuxième partie de l'œuvre abordent la question de notre existence dans un monde où la technologie est utilisée pour renforcer le pouvoir et l'asservissement, au lieu de favoriser l'autonomie individuelle et la liberté. En fin de compte, cette œuvre traite des problématiques sanitaires fondamentales contemporaines liées à la sédentarisation associée à l'ère néolithique, notamment la notion de stockage (stockage de la mémoire, stockage de la viande, etc.).

Ce dispositif désormais totalement immersif assume son objectif : ramener dans la mémoire collective cet ancien monde que l'on retrouve chez Dante, afin de libérer l'humanité de son amnésie et, par conséquent, de son choc post-traumatique initial. Ainsi libérée de la peur de disparaître, l'humanité peut aspirer à retrouver le paradis terrestre et ainsi prolonger la vie (dans les siècles des siècles) au sein de l'univers.

Au-delà de la simple visée artistique, Trans_Human_Art II poursuit un objectif spécifique et déterminé. En premier lieu, cette création incarne la méthode connue sous le nom de « thérapie de la reconsolidation », développée par le professeur Alain Brunet. Cette méthode vise à offrir aux victimes de stress post-traumatique, en particulier celles ayant subi des attentats terroristes, une voie pour surmonter leurs souffrances. Dans un second temps, cette œuvre aspire à aller encore plus loin. Pour Mickaël Sabbah, l'objectif est d'explorer les racines profondes de la violence humaine envers ses semblables.

L'idée de l'Art comme remède n'est pas nouvelle et a déjà été mise en œuvre dans diverses formes artistiques pour aider les individus confrontés à un traumatisme. Il a été démontré que l'Art et l'expression artistique peuvent contribuer à la guérison des personnes affectées. Le projet Trans_Human_Art II s'inscrit dans cette approche innovante, en harmonie avec l'évolution de la société.

Ainsi, un projet à vocation médicale peut servir de fondement à un projet artistique. Ce dernier a la capacité d'atteindre un public encore plus large, d'autant plus que de nombreuses personnes ont vécu récemment les traumatismes du confinement, de la pandémie, et vivent actuellement des attaques terroristes et des violences sociales.