TRANS_HUMAN_ART
Un projet en cours de création de Mickaël Sabbah
Produit par la Cie Anànkë
En résidence de création au Théâtre du Temps
GENÈSE
Le projet Trans_Human_Art trouve ses racines dans la collaboration entre Mickaël Sabbah et PLANETALDOL au sein du groupe PRIVE. Les deux artistes ont mené pendant plusieurs années une recherche sonore poussée qui a abouti sur la création de plusieurs performances et qui est aujourd’hui prolongée par Mickaël Sabbah au sein de la Cie Anànkë. La configuration de base est alors la même que celle développée lors de l’expérience PRIVE mais elle est réappropriée par MKS* pour créer un spectacle qui va au-delà du travail mené en duo.
Le projet THA est alors libre de suivre les méandres de la pensée complexe de l’artiste en prenant la forme d’une série de 22 spectacles uniques répartis sur trois saisons. Inspirée de la Divine Comédie de Dante, cette œuvre ambitieuse et pluridisciplinaire joue sur les codes de l’autofiction pour donner à voir, mais surtout à entendre, une réalité de l’existence à côté de laquelle nous passons trop souvent les yeux fermés.
Mickaël Sabbah et PLANETALDOL en répétition pour PRIVE
SYNOPSIS
Au commencement était le verbe. Des poèmes déchirés, symbole brutal de la rupture amoureuse qui affecte le protagoniste. Ce déchirement n’est que le premier maillon d’une chaîne de violence qui ne s’arrête pas aux frontières de la vie. Alors qu’il surnage dans le chaos sentimental de la rupture, cet homme est victime d’une agression en bande organisée dont la violence disproportionnée le plonge dans le coma.
C’est au moment où il se réveille, où il revient dans ce monde-ci que le projet Trans_Human_Art débute réellement. Cet homme, qui porte alors le nom de Mishà le Revenant, est brisé. Physiquement. Psychiquement. A l’image de ses poèmes aux mots éparpillés, il doit se reconstruire, retrouver le chemin de la vie dans un monde où la violence de l’Homme sur l’Homme fait loi.
Pour donner forme à ce combat contre le traumatisme, Mickaël Sabbah opère un parallèle avec la Divine Comédie de Dante qui est le récit de la traversée des trois règnes supraterrestres (Enfer, Purgatoire, Paradis) par son auteur. Mishà le Revenant est alors associé au personnage de Dante dans la Divine Comédie qui doit traverser l’Enfer et le Purgatoire pour atteindre le Paradis et Béatrice, symbole de l’Amour, qui l’y attend. La quête de Mishà est donc de parvenir à retrouver le chemin de la vie en suivant l’appel de l’Amour qui devrait le sauver de la Mort qui le guette toujours à travers le stress post-traumatique qu’il subit. Dans cette quête il est accompagné de Hant le Possédé, qui correspondrait au personnage de Virgile qui guide Dante à travers l’Enfer et le Purgatoire. Hant est biologiste de formation mais également compositeur de musique électronique. Créateur d’un protocole expérimental, la Post Electroshok Beat, devant aider à soigner les personnes atteintes de stress post-traumatique, il guide Mishà sur la voie de la réappropriation de son corps et de son esprit. Il est interprété par Planetaldol dans la bande sonore. Sa présence et son souvenir sont matérialisés sur scène par un autre biais, notamment un hologramme , des objets (marionnettes, bâtons) ou des interventions d’autres interprètes.
Cette relation basée sur l’entraide n’en est pas moins conflictuelle car Hant le Possédé se bat avec ses propres démons. Paranoïaque, il est persuadé que Mishà lui vole son identité et son protocole qu’il refuse alors de dévoiler. Mishà devient alors son cobaye. Ils se retrouvent néanmoins sur les maux qui leur sont infligés par la société et progressent côte à côte au milieu de la violence de la justice et de la médecine. La Post Electroshosk Beat est alors finalement issue de la collaboration de ces deux personnages qui cherchent la même chose au travers d’univers différents.
Par un récit autofictionnel, l’auteur partage de façon créative son expérience, dans un sens autant scientifique qu’empirique. Mickaël Sabbah signe la fin du pacte autobiographique : l'auteur-narrateur ne demande pas au spectateur de le croire, il interroge l'existence même de ces événements traumatiques parfois niés par la société (enquête, diagnostic du corps médical, rapports juridiques). Il revient au spectateur de se faire une opinion sur la véracité des faits relatés, et a fortiori de le juger.
Tout en explorant la dramaturgie plurielle, Mickaël Sabbah revient aux fonctions historiques et essentielles du sixième art, la maïeutique et la catharsis. La remise en cause personnelle, l’aboutissement des interrogations de Mishà Le Revenant participent non seulement de l’aspect thérapeuthique mais ouvrent également un dialogue avec le public, sur des questionnements anthropologiques relatifs à la cause de la violence humaine en société et son cautionnement.
MATERIAU
SON
Le travail sur le son est au cœur de la dramaturgie de Trans_Human_Art. Il trouve ses racines dans les expérimentations du groupe PRIVE dont la configuration structure toujours le dispositif de ce nouveau projet : le personnage de Hant le Possédé est interprété dans la bande sonore par Planetaldol qui était l’acolyte de Mickaël Sabbah au sein de PRIVE ; le concept artistique de la Post Electroshok Beat est issu de la recherche sonore menée par le groupe pendant des années.
Concrètement, l’expérimentation de THA repose sur la superposition d’une trame sonore pré-enregistrée et d’une semi-improvisation scénique à partir des matériaux que l’artiste tient à sa disposition. Ce matériau très diversifié, qui peut être donné à entendre à travers des enregistrements préalables ou directement par la bouche et le corps de l’artiste, comprend des morceaux de musique, des enregistrements de terrains, des textes personnels ou extérieurs, récents ou anciens, des instruments de musique rudimentaires, des objets de toute sorte, des documents juridiques et médicaux. Mickaël Sabbah joue alors sur l’hétérogénéité des sources sonores pour créer un univers spécifique et fluctuant au gré de son inspiration du moment.
Cette matière est alors fragmentée, décomposée, restructurée, transformée dans une entreprise de création sonore pure où les sources électroniques, la voix, les instruments / objets manuels sont au même niveau et contribuent ensemble à l’émergence d’une matière sonore nouvelle.
TEXTE
La démarche de THA est profondément intertextuelle. Outre les nombreux apports théoriques et littéraires empruntés à Dante en premier lieu mais également à des chercheuses et à des scientifiques, on y retrouve des passages de textes antérieurs de Mickaël Sabbah. En effet, ces œuvres du passés résonnent étrangement avec ce qui est arrivé dans leur futur. Il y est déjà question d’une agression conduisant au coma, de l’exploration de ce qui se déroule dans l’esprit de celui qui se trouve entre la vie et la mort et, finalement, du rôle de l’amour dans ce combat incessant contre la violence du monde.
Ces mots du passés sont alors convoqués pour pallier l’impuissance des mots du présent à décrire l’indescriptible. Ils viennent apporter un penchant sensible à la froideur des rapports médicaux et des procès-verbaux de la Justice.
Cette matière textuelle composite vient alors se mêler à la matière purement sonore pour créer un magma de mots et de sons propre à faire émerger une signification, des sensations nouvelles.
Mise en scène
CORPS
Sur scène, Mickaël Sabbah est le plus souvent seul mais sera également être accompagné, d’une danseuse. L’acteur improvise sur le fond sonore et, en suivant la partition écrite de cette trame musicale, joue avec : il peut brouiller les pistes de ce qui relève de la trame pré-enregistrée et de l’improvisation instantanée, suspendre le son, lire à voix haute la partition, la reprendre plus tard, danser dessus, parler par-dessus…
Mishà Le Revenant entend mais ne voit pas la danseuse qui pourtant le guide à la manière de Béatrice dans La Divine Comedie. Il finira par être prêt à plonger dans son regard à la fin de sa traversée. La danseuse soutient l'odyssée du personnage, ses mouvements font d’elle le souffle de la pièce, passant de la rigidité au jugement, à la tempérance, jusqu’à atteindre l’extase.
ESPACE
Le mur modulable de fond de scène pourra être démonté de façon à créer des écrans et sous écran, des parois en relief sur lesquelles seront projetées les images et vidéos, de même qu’au sol et au plafond. L’espace scénique sera neutre, agrémenté de ligne et formes géométriques. Les couleurs, le dynamisme seront apportés par les projections. Seront projetées des vidéos et des images de paysages et de l’espace, des œuvres d’art visuel .… mêlés à des éléments de bioluminescence. En somme, la scénographie et la mise en scène donneront l’impression d’un vaste répertoire d’images, de sons et de textes, représentant des références partagées collectivement. Ce magma d’informations s’inspire des lieux de stockage de la mémoire mondiale comme le gratte-ciel Titanpointe de New York, où transitent des milliers de télécommunications.
L’idée est également que ces vidéos et la façon dont elles sont juxtaposées dans un cocon, recréent ce qui peut se produire dans la boîte crânienne du monde, rendue visible par le coma.
Si chaque “saison” dispose de son identité visuelle propre, toutes rendent l’idées d’une traversée. Des effets 3D pourront être inclus afin d’aller plus loin dans une scénographie immersive.
Le sol de la scène sera recouvert de sable et d’une accumulation d’objets divers, organiques, mécaniques, musicaux, médicaux.
En outre, l’acteur pourra être placé sur un mécanisme reproduisant l’idée d’un «tapis volant», lévitant au dessus du sol. Enfin, l’acteur pourra s'asseoir presque au sein du public. Il pourra donc alterner entre trois espaces scéniques symbolisant les trois étapes de l’odyssée.
DISTRIBUTION
L’équipe artistique sera composée de l’auteur-acteur, d’un scénographe, d’un vidéaste, d’une danseuse et d’une metteuse en scène. En outre, des interprètes et des spécialistes de disciplines variées seront être invités à participer à certaines représentations, notamment le groupe de musique Urmaterial.
CALENDRIER
La résidence se déploie sur 16 semaines. Les répétitions commenceront à partir du mois d’octobre ; il y aura 22 représentations courant 2021 au Théâtre du Temps.